Bianca Costa
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À l’écoute du premier EP de Bianca Costa, Florianópolis (2020), on se disait que ces huit chansons étaient l’œuvre d’une artiste ambitieuse, d’une chanteuse qui a parfaitement compris les codes de sa génération, moins attirée par les concessions que par la possibilité d’un plaisir qui échappe aux règles. « Falala », son dernier single, en duo avec Bolémvn, en atteste. En à peine deux minutes et trente secondes, c’est tout le savoir-faire mélodique de Bianca Costa, 22 ans, qui est synthétisé : son sens de la fête, ses sonorités ensoleillées, ses références (le baile funk, le rap) et son goût pour les rythmes métissés. « Je suis née au Brésil et j’ai autant grandi au Portugal qu’en France : je tends naturellement vers des morceaux dansants, confie-t-elle, la voix remplie de certitudes. À travers des morceaux comme “Falala”, j’ai l’impression de traduire qui je suis : une fille dynamique, toujours en
mouvement et fière de sa culture. »
Obsédées par l’idée de mettre les hanches en ébullition, les chansons de Bianca Costa ont aussi pour ambition de constamment évoluer vers d’autres registres, d’autres teintes. C’était le cas de « Historia » où, aux côtés de Fally Ipupa, Bianca Costa s’essayait à la bachata dans l’idée de tester « les genres musicaux latins qui ont bercé mon enfance ». Avec un réel succès : 1,5 millions de vues. Ça l’était également avec « AHOO », véritable banger enregistré en parallèle au documentaire Reines (CANAL+) auprès de la fine fleur des rappeuses françaises (Chilla, Davinhor, Le Juiice, Vicky R)
Aujourd’hui, Bianca Costa poursuit ainsi la même ambition avec « Falala » : un tube immédiat, produit par Julio Masidi (Aya Nakamura, Djadja & Dinaz), à travers lequel elle prolonge son amour pour les musiques urbaines, rappelant ainsi ses débuts, lorsqu’elle proposait une version bossa-nova et baile funk de morceaux de rap français (PNL, Maes, Laylow, etc.). Surtout, la jeune femme a la volonté de créer des ponts entre les genres, et donc de rester ouverte à toutes propositions artistiques. « Au Brésil, les collaborations entre artistes sont naturelles. On trouve facilement six ou huit artistes sur un même morceau.
J’avance avec la même envie : c’est là le meilleur moyen de proposer une musique différente, à la fois personnelle et universelle. »
Aussi festifs soient-ils, les morceaux de Bianca Costa n’en restent pas moins composés avec une extrême minutie, dans des ambiances aussi studieuses que sérieuses, qui contrastent avec la débauche d’énergie suggérée par les mélodies. Au point de la considérer comme une control-freak ? « J’ai toujours eu des groupes et j’en ai toujours été la leadeuse. Je définissais les rôles, j’écrivais les textes, je dirigeais les répétitions », confirme-t-elle, comme pour souligner qu’elle décide de tout ce qui la concerne. « Reste que je suis persuadée que l’on est plus fort si on avance en groupe, ne serait-ce que pour mélanger des sonorités ou proposer de la musique singulière. » Pour cela, Bianca Costa peut compter sur ses séjours au Brésil, toujours aussi inspirants : « J’y suis retourné un mois en 2021 et ça m’a permis de ressentir une vibe différente, de m’ouvrir à de nouvelles sonorités. » D’où ce « Falala », idéal pour danser sur du sable fin un soir d’été. D’où cette mixtape, Carnaval, à paraître d’ici septembre et conçue comme un hommage vibrant et intense au carnaval de Rio. « J’ai envie de ramener cette culture en France », clame-t-elle, toujours aussi convaincue. Preuve que, sous ses traits juvéniles, se cache déjà l’assurance d’une artiste réfléchie, pour qui la fête est avant tout un moyen de tourner le dos aux catégories bien définies.