RAMZi

La canadienne RAMZi (Phoebe Guillemot) est l’une des artistes les plus singulières du champ électronique de ces dernières années. Au sein de sa « musique environnementale » se trouve un portail vers des dimensions différant de la nôtre. Tropicaux et psychédéliques en surface, ses paysages sonores vrombissent en leur sein de rythmiques chatoyantes, de vocaux altérés et d’éléments fantastiques déstabilisants.

Productrice autodidacte et inventive, au style à la croisée du hi-fi et du lo-fi, dotée d’un grand sens du détail, Phoebe est constamment à la recherche de sons distincts, échantillonnant du kuduro, du baile funk et des genres musicaux méconnus en les mariant à du dancehall, du dub et mêlant souvenirs d’enfance et alliages innovants.

Très liée à la scène house underground de Vancouver (elle est par exemple proche de D. Tiffany), RAMZi a sorti d’excellentes productions sur des labels qui y sont basés, comme par exemple « HOUTI KUSH » sur 1080p. On peut également citer sa trilogie « Phobiza » commencée sur Total Stasis, poursuivie sur Mood Hut et terminée en 2018 sur son propre label, FATi.

Le grand talent de RAMZi n’a pourtant pas toujours suffi à lui éviter les galères : En 2019, elle annonce la sortie d’un album avec son nouveau projet Jumanjí en duo avec le producteur montréalais Priori. La sortie des premiers extraits provoque une mini-polémique au sein du petit milieu de l’électronique : Le duo se voit accusé d’ « appropriation culturelle » en raison de samples utilisés dans leur travail, tirés de plusieurs pays, notamment d’Inde. Par précaution – et bien que divisé sur la question, le duo décide d’annuler la sortie, au grand dam de nombreux amateurs car Jumanjí s’annonçait comme excellent (écouter le tristement bien-nommé « Coeur Cassé » pour se faire une idée).

En Live, RAMZi véhicule une atmosphère immersive et évolutive, improvisant souvent avec sa propre voix dans un mélange de français, d’anglais de créole et de paroles-rêvées. Elle a déjà joué dans bon nombre de rendez-vous références, comme le Primavera Sound, le Strange Sounds From Beyond, le MUTEK ou le Horst. Au Sucre, elle nous ouvrira pour la première fois la porte de son monde interdimensionnel.