Varnish La Piscine
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Because Music - Ed Bangerdernières dates au Sucre :
Écouter la musique de Varnish La Piscine pour la première fois n’est jamais une expérience anodine. Ou en tout cas, pas quelque chose d’habituel. Une fois appuyé sur le bouton play, un mélange à la fois improbable en apparences et paradoxalement cohérent s’offre à celui qui pose son oreille sur la musique du producteur. Mélodies enjouées synthétiques, douceur chaloupée de la bossa nova, percussions explosives tirées de la trap américaine, mélancolie des vieilles musiques de film… La musique de Varnish La Piscine, autant exigeante qu’accessible, n’est définitivement pas comme les autres. C’est même tout ce qui fait la force et la singularité de ce producteur/rappeur/chanteur suisse reconnu par ceux qui savent comme faisant partie des meilleurs, et dont le monde du rap suit chaque mouvement depuis qu’il évolue en solo depuis six années maintenant.
Né à Genève en Suisse, Jephté Mbisi grandit auprès d’une famille de mélomanes. A la maison, ses oreilles jonglent entre la musique congolaise de ses parents et des figures populaires des années 90 comme Sade, Sting et Phil Collins. C’est pourtant d’une autre décennie que le jeune suisse va s’éprendre : celle des années 2000, de ses clips colorés, son rap et son r’n’b encore aujourd’hui célébré, et ses producteurs musicaux phares, comme Timbaland, Swizz Beats, et surtout et encore plus, Pharrell Williams. Entre génie créatif et exigence visuelle, les exploits du premier idole musical de Varnish vont aussi convaincre le jeune helvète d’une chose : pour créer quelque chose d’intéressant, il faut faire différent.
Un leitmotiv que le jeune producteur suisse va toujours garder en tête. D’abord en s’enfermant dans sa chambre pour apprendre le beatmaking. Notamment en s’aidant de son oreille absolue, lui permettant de reproduire tout ce qu’il entend et ce qu’il a en tête, sans aucune notion de solfège. Et ensuite en testant ses nouvelles formules magiques auprès d’un rappeur : Makala. Rappeur explosif du rap suisse, le Genevois fascine lors de son arrivée dans le rap francophone au milieu des années 2010 autant pour ses concerts enflammés que pour les productions musicales inclassables de Varnish (qui produit l’intégralité de sa musique depuis le début de sa carrière) entre rap, musique électronique et sons synthétiques vintages rappelant des BOs de jeux vidéo. Le jeune producteur embraye alors en solo avec ESCAPE (F-R Prelude) (2016), un premier projet solo suivi de Le Regard Qui Tue (2019) film auditif avec (entre autres) la chanteuse Bonnie Banane en sparring partner puis METRONOME POLE DANCE TWIST AMAZONE (2020). Des disques aussi foutraques que créatifs, exigeants que dansants, à mi chemin entre rap, et chanson, qui trouvent leur public, les deux derniers dépassant même le million d’écoutes sur les
plateformes de streaming.
Alors que pouvait bien être la nouvelle aventure de Varnish ? Sans doute officialiser quelque chose qui sonne aujourd’hui presque comme une évidence : la signature de Varnish La Piscine chez Ed Banger Records. Tous deux fous de Pharrell, amateurs d’électronique et de rap, mais aussi de cinéma et d’univers visuels marqués, la rencontre entre Pedro Winter et
Varnish La Piscine a instantanément créé des étincelles. Au point de donner envie au boss de Ed Banger de le signer en 2021, puis de lui permettre de rencontrer la même année à Paris son idole, en la personne de Pharrell Williams. Pas de quoi pourtant faire trembler le jeune producteur, lui qui, déjà en 2017, collaborait lors d’une résidence en Italie avec Philippe Zdar, un autre de ses modèles, sur le morceau “Venezia”, tiré de l’album Domesticated de Sébastien Tellier.
Pour ses premiers pas chez Ed Banger Records, Varnish La Piscine a donc décidé de faire ce qu’il sait faire de mieux : surprendre. Autant musicalement que visuellement. Composé entre 2021 et 2022, This Lake Is Successful a toutes les caractéristiques d’une parfaite carte de visite en sept morceaux pour entrer dans l’univers aussi riche que créatif du jeune
musicien Genevois. Une musique pour les connaisseurs et accessible à tous, sous la forme d’une pop raffinée où l’on entend de nombreuses influences : du rap, de la bossa, des lignes de synthés électroniques, de la surf music, du reggae, porté par le chant et le rap de Varnish, ainsi que de trois invités – Makala, Rico TK, Snubnose Frankenstein – le tout accompagné d’une série de courts-métrages. Car oui : si vous doutiez encore des ambitions créatives du personnage, Varnish La Piscine est aussi réalisateur. Une ambition visuelle qui se traduit le temps de quatre épisodes entre 5 et 10 minutes tournés durant 8 jours autour d’un lac en aidé de la boîte de production Dissidence. L’histoire : un lac et ses poissons aux propriétés miraculeuses agitent la population vivant à proximité, pour le meilleur et pour le pire, avec Varnish en personne dans le rôle d’un pêcheur novice (et d’autres nombreux acteurs, dont un certain Rounhaa en marin-pêcheur, pour ceux qui s’intéressent à la next-gen du rap français). Une œuvre audiovisuelle et musicale, entre humour absurde des frères Coen et soin visuel influencé par Wes Anderson, qui confirme ce que le monde du rap a déjà bien remarqué : Varnish La Piscine n’est définitivement pas un garçon comme les autres. Il suffit juste de lancer sa musique pour le découvrir.