Vitalic
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C’est en 1994, à 18 ans, que Pascal Arbez, futur Vitalic, assiste à un concert de Daft Punk au club l’An-fer. Le duo électro n’en est qu’à son premier album Homework, mais Pascal est envouté par cette French Touch naissante et veut en faire partie coûte que coûte. Quelques années plus tard, il se lance dans la production et sort une poignée de morceaux signé sous les pseudo de Dima ou Hustler Pornstar. C’est seulement en 2001, avec son maxi Poney EP, que Pascal Arbez devient Vitalic et se fait découvrir du public à l’aide de productions hardclub très efficaces : Poney Part 1, La Rock 01… OK Cowboy, le premier album de Vitalic devra cependant attendre 2005, avant de sortir sur le label PIAS/Differ-ant. Reprenant la plupart de ces grands tubes, l’opus dévoile néanmoins des tracks magistraux, à l’image de Polkamatic.
Entre deux tournées, en Europe ou aux Etats-Unis, Vitalic continue d’alimenter le marché via les sorties du maxi Bells, en 2006, puis d’un live en Belgique VLive (2007) et prépare le terrain de son deuxième album Flashmob (2009).
A la fin des années 2000, Vitalic s’associe à 1024 Architectes pour créer un projet de live audio-visuel, baptisé V-Mirror. Son troisième album Rave Age (2012) est à l’image de la vision qu’a Vitalic du dancefloor : sauvage et dansant.
Avec la sortie de « Voyager » en 2017 – un quatrième album qui danse sous les boules à facettes en nous plongeant avec délice dans une version disco, synthétique et irrésistible, cosmique et vitaminée, mais remise au goût des dancefloors d’aujourd’hui – Vitalic confirme sa position de figure les plus emblématiques de la fameuse French Touch. Un producteur perpétuellement en train de se remettre en question, capable de mélanger techno, rock, disco, pop et punk avec la même énergie, tout en marquant les corps et les esprits de tubes comme « La Rock 01 », « My Friend Dario », « Fade Away », « Under Your Sun », « Poison Lips », « Second Lives » et on en oublie volontairement en route. Un artiste qu’on ne saurait réduire à ses albums studio tant, dès le début de sa carrière, Vitalic prouve son amour pour le live électronique auquel il a donné (aux côtés d’Etienne de Crécy, des Daft Punk ou de Justice, par exemple) ses lettres de noblesse avec ses concerts électrisants et psychédéliques, tout en pyrotechnie digitale et bataille de lasers, dont le spectateur ressort lessivé, comme après une course poursuite endiablée.
Hyper prolifique depuis la sortie de l’album « Voyager » et la longue tournée qui a l’accompagné, Vitalic ne s’est pas reposé pour autant. Ressuscitant dans un même élan son alias Dima avec lequel il avait commencé à se faire connaître (et qui contenait déjà en substance tout l’ADN du futur Vitalic), remixant à tour de bras, de la pop d’Etienne Daho à la techno énervée de Louisahhh, formant avec Rebeka Warrior (ex du groupe Sexy Sushi) le duo Kompromat, sublime hommage à l’EBM (pour Electronic Body Music) chanté en allemand et au groupe D.A.F. Et ce tout en fêtant ses vingt ans de carrière avec un coffret de vinyles en édition limitée, reprenant ses titres emblématiques et ses meilleurs remixes, qui désormais s’arrache à des prix indécents. Et comme si ça ne suffisait pas, Vitalic annonçe dans la foulée, un show anniversaire exceptionnel à l’Accor Arena (ex-Bercy) le 12 mars 2022.
Confinement et calendrier perturbé oblige, Vitalic en a profité pour se plonger dans ses synthétiseurs et autres boîtes à rythmes, histoire d’annoncer un cinquième album, « DISSIDÆNCE », dont le titre est déjà tout un programme. Un disque, que le principal intéressé décrit comme un retour aux sources de son identité sonore, en forme de clin d’œil revisité à l’énergie rock de ses premiers albums et qui se déclinera en deux volumes.
Logiquement, et comme sur chacun de ses albums, Vitalic s’amuse aussi à jouer avec nos nerfs et nos corps, alternant morceaux de dance pure et physique à destination des immenses warehouse et des stages de festival, et toute une collection de ballades apaisées, romantiques et bucoliques comme pour mieux redescendre. Que ce soit « Lost Time », morceau quasi ambient à la rythmique absente qui semble tout droit sorti de la bande son d’un film imaginaire, le sublime « Danse Avec Moi », parfait condensé d’électro sautillante façon Elli & Jacno, qui résume toutes ces histoires d’amour nouées à 4h du matin au milieu du dancefloor, ou « 14 AM » qui démarre comme un hommage au « O Superman » de Laurie Anderson pour mieux filer ensuite vers une électro entêtante imbibée d’EBM.
Accueilli avec succès autant par la critique que le public, avec ses titres phares comme le très eurodisco « Haute Definition » ou le percussif « Rave Against the System« , véritables condensés de haute énergie pour les gigantesques dancefloors, « DISSIDÆNCE » se voit enrichi comme promis d’un deuxième épisode en forme de sept titres inédits qui seront offerts en bonus d’un coffret qui réunira les deux albums.
Les deux épisodes de « DISSIDÆNCE », qui naviguent entre pop et hardcore, sueur et tendresse, mélancolie et colère, sont une sorte de condensé de ce que le producteur, vingt ans de carrière au compteur, sait faire le mieux, de la tornade crasse à se dévisser la tête sur le dancefloor à la pop-song amoureuse et synthétique pour s’évader. Avec ses deux volumes qui n’en forment qu’un au final, « DISSIDÆNCE », dont suinte entre les beats énervés et les séquenceurs en cavale la colère sociale et politique face à la pandémie actuelle, Vitalic puise dans son passé son goût pour les synthés qui déraillent, les nappes qui filent de travers, les refrains entêtants et les voix distordues, les rythmes lourds en forme de marathon sur le dancefloor, mais exprime surtout son obsession passionnelle pour la dance-music et le besoin vital de danser. « DISSIDÆNCE » peut ainsi s’écouter à la fois comme un hymne à la fête et un voyage dans un temps qui aujourd’hui n’existe plus, mais qui, et cet album en est la preuve éclatante, est appelé à revivre de tous ses feux, BPM en cavale et rage intacte à l’appui, parce que, plus que jamais, « danser = vivre ».