La Musique en Films : Black Wax (Gil Scott-Heron)
Malgré la fermeture du rooftop pour une durée indéterminée, nous continuons de parler de musique et de culture, dans ces pages et sur nos réseaux. Chaque semaine, nous recommandons ainsi un film ou un docu en lien avec la musique.
Aujourd’hui, intéressons-nous à un film encore d’actualité presque 40 ans après sa sortie : le Black Wax de Robbert Mugge sorti en 1982 et consacré à l’immense artiste afro-américain, politique et subversif, Gil Scott Heron
Film hybride, Black Wax alterne entre la captation d’un live à Washington DC et les réflexions de l’artiste alors qu’il arpente le rues de la ville, sur l’écriture de l’Histoire américaine, les inégalités raciales, la notion de « domination » culturelle, ce qu’être noir veut dire… Figure légendaire de la soul, du R&B et du jazz/funk américain, Gil Scott-Heron est ici au sommet de sa carrière, et délivre sa poésie urbaine et son spoken-word avec une éloquence et un charisme inégalés, doublés d’une ironie acerbe lorsqu’il s’agit d’aborder l’hypocrisie du « rêve américain ».
Avec des morceaux mythiques aussi engagés que groovy tels que The Revolution Will Not Be Televised, The Bottle, We Almost Lost Detroit, celui qui sera un temps appelé « le musicien vivant le plus dangereux » sera évidemment une influence incontournable pour le mouvement hip hop naissant. Il jouera également un rôle déterminant pour la scène techno et house qui le samplera sous toutes les coutures, notamment par exemple le DJ de Detroit Moodymann.
À partir du tournant des années 90, Gil Scott-Heron connaîtra à cause de la drogue une descente aux enfers et des décennies de silence, jusqu’à une renaissance créatrice et la sortie de l’album I’m New Here en 2010, qui sera remixé par Jamie xx, entraînant une redécouverte de son oeuvre par toute une nouvelle génération. Il meurt à 61 ans en 2011 de maladie du fait de sa séropositivité.
On peut évidemment établir des liens entre l’oeuvre de Gil Scott-Heron et la polarisation de la société américaine au sortir des élections, mais on peut également lui trouver à bien des égards un écho dans l’actualité française. Quoiqu’il en soit, si vous ne l’avez pas encore vu, ce film vous fera comprendre pourquoi Gil Scott Heron était simplement la classe incarnée, un artiste engagé comme on en voit peu.